Éditorial
L'accord de Sommaruga
La présidente fédérale s'allie à l'UE contre l'initiative de limitation et pour l'accord-cadre institutionnel. Des documents le prouvent.
19.02.2020
Par Roger Köppel
Dans ce numéro, nous documentons les processus explosifs. La Weltwoche publie pour la première fois le procès-verbal confidentiel de la rencontre de trois conseillers fédéraux avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au Forum économique mondial de Davos. Ils documentent la manière dont le Conseil fédéral et l'UE sont parvenus à un accord en vue du référendum sur la libre circulation des personnes. Il existe un accord informel. La présidente fédéral Sommaruga a demandé au président de la Commission européenne von der Leyen de garder le silence jusqu'au référendum sur l'immigration. En contrepartie, le Bundesrat doit faire avancer l'accord-cadre institutionnel immédiatement après.
Nous avons déjà fait état de ces événements épicés dans le dernier numéro. La base était le reportage de la station de radio suisse SRF, qui a révélé les enregistrements, mais sans les citer textuellement. Lorsqu'on leur a demandé, l'authenticité était assurée, mais les collègues n'ont pas voulu nous donner le document pour le lire ou le remettre. Il est intéressant de noter que le radiodiffuseur payant suisse n'a pas discuté davantage des arrangements délicats. L'affaire a été perdue face à l'histoire des "Cryptofuites", qui a été embuée avec beaucoup plus de vapeur. À l'exception de la Weltwoche, aucun journal ne s'est rapproché de Bruxelles.
Nous avons donc dû faire passer le protocole par d'autres canaux, directement depuis le siège de l'UE. Il s'agit d'un authentique résumé du compte rendu de la réunion de von der Leyens avec les conseillers fédéraux Sommaruga, Cassis et Keller-Sutter ainsi que le négociateur en chef Balzaretti à Davos. Il est adressé aux ambassadeurs de l'UE. Ils ont été informés par la Commission à titre confidentiel.
La formulation, que la Weltwoche met pour la première fois à la disposition du public, est très intéressante. Les archives montrent que le président Sommaruga avait expressément demandé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de ne pas intervenir dans le vote sur l'initiative en matière d'immigration. En retour, M. von der Leyen attend du Conseil fédéral qu'il fasse plus d'efforts dans l'accord institutionnel.
L'accord secret de Sommaruga devra encore être discuté. La présidente fédérale est un opposant à l'initiative de limitation. Elle sait que l'ingérence de l'UE dans le processus de vote serait bénéfique pour les partisans. C'est la seule raison pour laquelle elle a demandé à Bruxelles de s'abstenir de toute intervention jusque-là. Von der Leyen a accepté, mais a exigé en retour une contrepartie, selon le principe économique éprouvé de la "contrepartie". ... Une main lave l'autre. Le Protocole établit sans ambiguïté la Convention.
Aux États-Unis, des accords de moindre portée entre le président et une puissance étrangère (l'Ukraine) ont conduit à des procédures de mise en accusation. Et en Suisse ? La Constitution fédérale exige que tous les organes de l'État protègent les droits du peuple et l'indépendance. Les principes de fer sont difficiles à concilier avec les accords secrets entre les conseillers fédéraux et les puissances étrangères. L'article 267 du code pénal interdit même expressément aux "agents de la Confédération" privés de liberté pour "un an au moins" d'entamer des négociations avec des "gouvernements étrangers" au détriment de la Suisse. Il est sans doute préjudiciable à la Suisse que la présidente de la Confédération conspire avec l'UE pour obtenir le résultat souhaité du vote.
Le Conseil fédéral a réagi de façon brutale aux enquêtes de la Weltwoche. Le protocole de l'UE ne correspond pas à la vérité, affirme-t-on. C'est théoriquement possible, mais peu probable. En tout état de cause, le gouvernement de l'État devrait se déclarer au Pacte secret de Davos. Actuellement, la Suisse politique scandalise d'éventuels accords secrets entre le Conseil fédéral et les services secrets étrangers il y a trente ans. L'actuel pacte secret entre la présidente fédéral et le commissaire européen en chef semble au moins aussi pertinent. La politique européenne est d'une importance capitale.
Le cas de l'ancienne entreprise suédoise Crypto à Zoug est-il trop grave ? C'est fort possible. Nous avons interrogé l'ancien officier de renseignement et ministre d'État allemand Bernd Schmidbauer à ce sujet. L'ancien politicien de la CDU est apparu comme un témoin clé dans l'émission "Rundschau" de la télévision suisse. Il a confirmé devant la caméra que Crypto AG avait vendu des machines de cryptage manipulées et avait été secrètement contrôlée pendant des années par la CIA et le service de renseignement allemand (BND).
Au téléphone, Schmidbauer répète ses déclarations, mais il met en perspective l'excitation des rapports. Il a déclaré que les accusations contre Crypto sont anciennes, et que "la Suisse a été trahie". Le dossier "Minerva", cité avec approbation dans les médias, doit être considéré de manière critique. Ce prétendu rapport de la BND et de la CIA - à la base des révélations - ne doit pas être pris à la légère. Il y avait "beaucoup de vœux pieux". Il était douteux que la CIA ait réellement écrit ce document, qui était rédigé dans un anglais cahoteux. "Il n'a pas de signature des services de renseignement."
Il s'agit d'une question très délicate. Parce que les journalistes suisses, qui autrement ne croient pas un mot de ce que dit la CIA, traitent le document comme une vérité révélée. Bien entendu, peu de reporters intégrés l'ont vu. Ce qui n'empêche pas les médias de mettre en place un tribunal journalistique contre les politiciens suisses du FDP Kaspar Villiger et Georg Stucky qui y sont mentionnés. Il tire les ficelles jusqu'à la politique. Il serait peut-être souhaitable de déchiffrer d'abord le contenu de vérité du document "Minerva" dans le calme, avant que l'appareil d'État ne soit mis dans un état d'excitation pour de l'argent cher.
Schmidbauer contredit encore : de Suisse, pas plus d'une centaine d'États ont été contrôlés sur le plan national. La campagne d'écoute a été limitée et ciblée. Il rejette également l'affirmation selon laquelle les services secrets auraient gagné des millions grâce à la cryptographie. Il ne pense pas, selon l'expert en renseignement, que la crédibilité de la Suisse et de son gouvernement ait souffert : Ce n'est pas si drastique.
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https://www.weltwoche.ch/ausgaben/2020-8/kommentare-analysen/sommarugas-deal-die-weltwoche-ausgabe-8-2020.html
https://lesobservateurs.ch/2020/02/20/le-proces-verbal-de-laccord-secret-entre-sommaruga-et-von-der-leyen-est-en-main-de-la-weltwoche/
Le procès-verbal de l’accord secret entre Sommaruga et von der Leyen est en main de la «Weltwoche »
Claude Haenggli rédacteur/traducteur, Berne, Suisse
TRAHISON !!!
Le procès-verbal de l'accord secret entre Sommaruga et von der Leyen est en main de la «Weltwoche »
Dans son édition qui vient de paraître, la Weltwoche révèle des documents hautement compromettants concernant la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, au sujet d'une affaire particulièrement grave. Cet hebdomadaire a pu en effet se procurer des procès-verbaux secrets de la rencontre de trois de nos conseillers fédéraux avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors du Forum économique mondial de Davos. Ils montrent comment le Conseil fédéral et l’Union européenne se sont mis d’accord sur une stratégie commune pour combattre l’initiative de limitation et faire avancer la signature d’un accord-cadre mettant la Suisse sous tutelle de l'UE. La présidente de la Confédération helvétique a demandé à la présidente de la Commission européenne que celle-ci s’abstienne de toute prise de position jusqu’à la votation sur l’initiative populaire « pour une immigration modérée ». En contrepartie, le Conseil fédéral ferait feu de tout bois, immédiatement après, pour faire adopter l’accord-cadre institutionnel avec l’UE. Le directeur de la Weltwoche, Roger Koeppel, ainsi que les rédacteurs Hubert Mooser et Christoph Moergeli demandent des explications et rappellent qu’une affaire semblable avait déjà causé en 1917 la démission d’un membre de l’exécutif fédéral, le ministre des affaires étrangères Arthur Hofmann.
https://www.weltwoche.ch/ausgaben/2020-8/kommentare-analysen/sommarugas-deal-die-weltwoche-ausgabe-8-2020.html
https://www.weltwoche.ch/ausgaben/2020-8/titelgeschichte/geheimpakt-von-davos-die-weltwoche-ausgabe-8-2020.html
Editorial
Sommarugas Deal
Die Bundespräsidentin verbündet sich mit der EU gegen die Begrenzungsinitiative und für den institutionellen Rahmenvertrag. Das belegen Dokumente.
19.02.2020
Von Roger Köppel
Mit dieser Ausgabe dokumentieren wir brisante Vorgänge. Die Weltwoche veröffentlicht erstmals die vertraulichen EU-Protokolle des Zusammentreffens dreier Bundesräte mit EU-Kommissions-Präsidentin Ursula von der Leyen am World Economic Forum in Davos. Sie belegen, wie sich der Bundesrat und die EU mit Blick auf die Volksabstimmung über die Personenfreizügigkeit abgesprochen haben. Es gibt eine informelle Übereinkunft. Bundespräsidentin Sommaruga bat die EU-Kommissions-Präsidentin von der Leyen, sich bis zur Zuwanderungs-Abstimmung vollkommen still zu verhalten. Im Gegenzug soll der Bundesrat gleich danach das institutionelle Rahmenabkommen vorantreiben.
Bereits in der letzten Ausgabe haben wir über diese pikanten Ereignisse berichtet. Grundlage war die Berichterstattung des Schweizer Radios SRF, das die Aufzeichnungen enthüllte, allerdings ohne wörtlich daraus zu zitieren. Auf Nachfrage wurde die Echtheit versichert, aber die Kollegen wollten uns das Dokument weder zu lesen geben noch aushändigen. Auch hat der Schweizer Gebührensender interessanterweise die heiklen Absprachen nicht mehr weiter thematisiert. Die Sache ging unter angesichts der «Cryptoleaks»-Geschichte, die mit viel mehr Dampf angerichtet wurde. Ausser der Weltwoche griff keine Zeitung die Kumpanei mit Brüssel auf.
So haben wir das Protokoll auf anderen Kanälen direkt aus der EU-Zentrale beschaffen müssen. Es handelt sich um eine authentische Zusammenfassung des Debriefings zum Treffen von der Leyens mit den Bundesräten Sommaruga, Cassis und Keller-Sutter sowie Chefunterhändler Balzaretti in Davos. Adressat sind die EU-Botschafter. Sie wurden von der Kommission vertraulich unterrichtet.
Der Wortlaut, den die Weltwoche erstmals der Öffentlichkeit zugänglich macht, hat es in sich. Aus den Aufzeichnungen geht hervor, dass Bundespräsidentin Sommaruga EU-Kommissions-Präsidentin Ursula von der Leyen ausdrücklich gebeten habe, sich nicht in die Abstimmung über die Zuwanderungsinitiative einzumischen. Von der Leyen wiederum erwartet vom Bundesrat als Gegenleistung mehr Einsatz beim institutionellen Abkommen.
Sommarugas Geheimdeal wird noch zu reden geben. Die Bundespräsidentin ist eine Gegnerin der Begrenzungsinitiative. Sie weiss, dass EU-Einmischungen im Abstimmungskampf den Befürwortern nützen würden. Nur deshalb bat sie Brüssel, bis dahin von jeglichen Interventionen abzusehen. Von der Leyen willigte ein, verlangte aber ihrerseits eine Gegenleistung nach dem bewährten ökonomischen Grundsatz «Quid pro quo». Dies für das. Eine Hand wäscht die andere. Das Protokoll hält das Übereinkommen unzweideutig fest.
In den USA haben weniger weitgehende Absprachen zwischen dem Präsidenten und einer auswärtigen Macht (Ukraine) zu einem Amtsenthebungsverfahren geführt. Und in der Schweiz? Die Bundesverfassung verlangt von allen Staatsorganen den Schutz der Rechte des Volkes und der Unabhängigkeit. Die ehernen Prinzipien sind schwer in Einklang zu bringen mit heimlichen Absprachen zwischen Bundesräten und fremden Mächten. Artikel 267 des Strafgesetzbuches verbietet «Bevollmächtigten der Eidgenossenschaft» bei Freiheitsentzug von «nicht unter einem Jahr» sogar ausdrücklich, mit «auswärtigen Regierungen» in Verhandlungen zum Nachteil der Schweiz einzusteigen. Fraglos gereicht es der Schweiz zum Nachteil, wenn die Bundespräsidentin mit der EU konspiriert, um das von ihr gewünschte Abstimmungsresultat herbeizuführen.
Auf Anfragen der Weltwoche reagierte der Bundesrat unwirsch. Das EU-Protokoll entspreche nicht der Wahrheit, wird behauptet. Das ist theoretisch möglich, aber unwahrscheinlich. Auf jeden Fall sollte sich die Landesregierung zum Davoser Geheimpakt erklären. Derzeit skandalisiert die politische Schweiz mögliche Geheimabsprachen zwischen dem Bundesrat und ausländischen Geheimdiensten vor dreissig Jahren. Mindestens so relevant erscheint da der heutige Geheimpakt zwischen der Bundespräsidentin und der EU-Chefkommissarin. Die Europapolitik ist von wegweisender Bedeutung.
Wird der Fall der früheren schwedischen Firma Crypto in Zug zu hoch gehängt? Gut möglich. Wir haben dazu den deutschen Ex-Geheimdienstmann und Staatsminister Bernd Schmidbauer befragt. Der ehemalige CDU-Politiker trat in der einschlägigen «Rundschau»-Sendung des Schweizer Fernsehens als Kronzeuge auf. Er bestätigte vor laufender Kamera, dass die Crypto AG manipulierte Verschlüsselungsmaschinen verkauft habe und jahrelang von der CIA und dem deutschen Nachrichtendienst (BND) heimlich kontrolliert worden sei.
Am Telefon wiederholt Schmidbauer seine Aussagen, aber er relativiert die Aufgeregtheit der Berichte. Die Vorwürfe gegen Crypto seien uralt, und «die Schweiz ist hintergangen worden.» Kritisch sehen müsse man das in den Medien zustimmend zitierte Dossier «Minerva». Dieser angebliche BND- und CIA-Bericht – Grundlage der Enthüllungen – dürfe nicht für «bare Münze» genommen werden. Da sei «viel Wunschdenken» drin. Ob tatsächlich die CIA das in holprigem Englisch formulierte Papier geschrieben habe, sei zweifelhaft. «Es trägt nicht die nachrichtendienstliche Handschrift.»
Diese Feststellung ist brisant. Denn Schweizer Journalisten, die sonst der CIA kein Wort glauben, behandeln das Dokument wie eine offenbarte Wahrheit. Nur wenige eingebettete Reporter freilich haben es gesehen. Was die Medien wiederum nicht daran hindert, gegen die darin genannten Schweizer FDP-Politiker Kaspar Villiger und Georg Stucky ein journalistisches Tribunal zu errichten. Es zieht Fäden bis in die Politik. Vielleicht wäre es ratsam, zuerst in aller Ruhe den Wahrheitsgehalt des «Minerva»-Dokuments zu entschlüsseln, ehe man den Staatsapparat für teures Geld in helle Aufregung versetzt.
Schmidbauer widerspricht weiter: Aus der Schweiz heraus seien nicht über Hundert Staaten flächendeckend überwacht worden. Die Abhöraktion sei begrenzt und zielgerichtet gewesen. Auch die Behauptung, die Geheimdienste hätten dank Crypto Millionen verdient, weist er zurück. Er findet nicht, sagt der Geheimdienstexperte, dass die Glaubwürdigkeit der Schweiz und ihrer Regierung gelitten habe: «So drastisch kommt das nicht.»
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